Republique du Chili
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Etudes de Cas

L'auteur: Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture
Le contact: Jean Bonnal

Republique du Chili


Les appellations employées dans cette publication et la présentation des données qui y figurent n'impliquent de la part des auteurs aucune prise de position quant au statut juridique des pays, territoires, villes ou zones, ou de leurs autorités, ni quant au tracé de leurs frontières ou limites.

A. Données générales sur le pays

Superficie756.626 km²
Population (millions)14,5
Taux de croissance démographique1,6%
Taux d'urbanisation (1995)84,7%
Densité (1995)19 h/km ²
PIB (1996) MilliardsUS$ 72,0
PIB par habitant (1996)US$ 4.966
Unité monétairePeso chileno
Budget de l'Etat18% du PIB
Indicateur développement humain0,891
Rang IDH (sur 174 pays)30

Frontières, topographie et climat

Situé au sud-ouest de l'Amérique du Sud; le Chili s'étire du nord au sud sur quelque 4 300 km, pour une largeur moyenne de 200 km. Le Chili est bordé à l'extrême nord par le Pérou, au nord-est par la Bolivie, à l'est par l'Argentine et au sud et à l'ouest par l'océan Pacifique. Le Chili se caractérise par la présence du massif montagneux des Andes, qui s'étend sur toute la longueur du pays. Le pays peut être divisé en trois zones topographiques: les hauts sommets de la cordillère des Andes à l'est, les petites montagnes côtières à l'ouest et la région des plateaux, ces derniers étant traversés par la Grande Vallée centrale. Ces trois principales régions géographiques correspondent respectivement aux régions du Nord, du Centre et du Sud. Dans la région du Centre, la Grande Vallée centrale s'étend sur 1 000 km de long. C'est une région fertile qui constitue le cœur agricole du Chili. En raison de son extension sur plusieurs latitudes, le Chili offre une grande diversité de climats. En général, les températures y sont tempérées par les influences océaniques. La région du Nord est entièrement désertique et figure parmi les plus arides du monde. La température annuelle moyenne à Antofagasta, au nord du pays, est de 17°C. Les pluies sont plus abondantes dans le Sud, et la région du Centre connaît un climat de type méditerranéen. Les hivers sont doux et les étés relativement frais, la température annuelle moyenne à Santiago est de 14°C. La région du Sud est plus fraîche et connaît des précipitations tout au long de l'année. La température annuelle moyenne dans l'extrême sud est de 6°C.

Caractéristiques et évolutions récentes du système politique

Le système politique est une république de type présidentiel. La constitution en vigueur date du 11mars 1981, mais ses principales dispositions n'ont été véritablement appliquées qu'à partir de 1989. La révision la plus récente de la constitution date de novembre 1991. La constitution confère le pouvoir exécutif à un Président élu au suffrage universel direct. La première élection présidentielle au suffrage universel après le coup d'Etat de 1973 a été organisée en 1989. Cette même année, une Assemblée nationale à deux chambres a été également élue. Elle est composée par une Chambre de Députés (120 membres élus) et le Sénat (46 sénateurs élus). En 1993, une nouvelle élection a permis l'arrivée à la présidence d'E. FREI pour une période de 6 ans. Administrativement, le Chili est découpé en 13 régions, y compris la métropole de Santiago, capital du pays et siège du gouvernement. Les régions sont à leur tour divisées en 40 provinces. Les régions sont placées sous l'autorité des gouverneurs. Ces derniers ainsi que les responsables des provinces sont nommés par le Président. Les provinces sont quant à elles divisées en municipalités, dirigées par des maires élus pour une période de 4 ans au suffrage direct. Les efforts récents de décentralisation ont transféré un certain nombre de responsabilités aux gouvernements municipaux. Les municipalités sont maintenant responsables des services primaires de santé ainsi que des écoles primaires publiques et privées. À la suite du coup d'Etat de 1973, toute activité politique fut suspendue puis interdite en 1977. Les partis politiques furent à nouveau légalisés en 1987. Aux élections législatives de 1993, les partis de centre gauche (Parti démocrate chrétien, Parti socialiste et Parti pour la démocratie notamment), regroupés au sein de la Concertation pour la démocratie, ont obtenu la victoire. Toutefois, la Concertation, qui dispose de 70 des 120 sièges de députés à la Chambre, n'a que 21 élus au Sénat, qui reste donc dominé par le parti de centre droit Rénovation nationale, qui dispose ainsi d'un droit de veto sur les réformes souhaitées par la Concertation, en particulier dans le domaine institutionnel.

L'agriculture au Chili

L'agriculture représente environ 10,9 % du PIB (élevage, pêche et exploitation forestière comprises); près de 18 % du la population active travaille dans l'agriculture, sylviculture et pêche. Dans le Cône Sud, le Chili est le plus grand exportateur de fruits et compte avec une importante industrie du vin. La pêche est un secteur à haute productivité: 7,5 millions de tonnes en 1994. Au Chili, la proportion de territoire forestier a augmenté de plus de 1% par an durant les années 80 à 90; mais il s'agit, en fait, de plantations commerciales qui ont remplacé les forêts. La production annuelle de bois est de l'ordre de 16,5 millions de mètres cubes. Les bois exploités sont à la fois des feuillus comme le laurier et des bois tendres, pins, etc. Ils servent essentiellement au bois de charpente et à la fabrication de pâte à papier. Bien que sa biodiversité ne soit pas aussi riche que celle d'autres pays d'Amérique du Sud, le Chili compte une large proportion d'espèces endémiques, isolées par la chaîne des Andes. La forêt couvre près de 12 % du territoire chilien et environ 18% du territoire du Chili est protégé.

Situation économique actuelle

Au cours des années 80 et 90, le Chili a mis en place une politique d'ajustement et de stabilisation, d'inspiration libérale, qui s'est traduite par l'augmentation et la diversification des exportations, la prédominance du secteur privé dans presque tous les secteurs de l'économie y compris l'agriculture, une très grande stabilité économique, et la décentralisation de l'action de l'Etat au niveau des régions, des provinces et des municipalités.

B. Processus de décentralisation en cours

Historique, objectifs et cadre juridique

La stabilité économique a été un cadre favorable aux innovations institutionnelles liées au processus de décentralisation que le Chili a démarré dans les années 80. Le processus de décentralisation trouve en effet son origine dans l'inspiration libérale des politiques mises en place au cours des ces années-là. Le gouvernement a décidé, en suivant les recommandations des organisations internationales, de mettre en place la régionalisation, en parallèle avec un important processus de privatisation, pour impulser la restructuration à long terme de l'économie chilienne ainsi que pour ouvrir des nouveaux espaces de participation politique notamment au niveau municipal.

Fonctions, ressources et autonomie des entités décentralisées

Ainsi, la Loi de décentralisation a donné des nouvelles fonctions aux entités décentralisées tant au niveau régional comme au niveau local, associées à la prise de décisions par des modalités de consultation, mais aussi à l'exécution des projets et à leur contrôle. Il reste toutefois deux problèmes importants liés, d'une part, au niveau insuffisant des ressources transférées à ces entités pour réaliser leurs nouvelles fonctions et, d'autre part, au niveau modéré d'autonomie dont disposent les entités décentralisées pour utiliser les ressources allouées dans le cadre de la décentralisation. Le Ministère de l'intérieur, au travers du Secrétariat général de gouvernement, exerce une tutelle certaine sur les entités décentralisées. Les Gouvernements régionaux sont aussi relativement puissants face aux municipalités.

C. La décentralisation et le développement rural

Formes de la décentralisation et élaboration des politiques agricoles et de développement rural

Les formes prédominantes de la décentralisation en matière de développement rural ont été plutôt la déconcentration et la délégation que la dévolution, même si certaines formes intermédiaires de dévolution à des organisations de la société civil ont été essayées. Dans ce contexte, le Ministère de l'agriculture a établi dans chaque province des antennes qui lui assurent une plus grande présence et proximité par rapport aux populations et aux producteurs agricoles. Au niveau local, la décentralisation a été plus forte dans les chapitres de la santé et de l'éducation primaires, qui son devenues des responsabilités centrales des municipalités. Les modalités de planification du développement rural se sont vues toutefois peu modifiées et restent essentiellement nationales et descendantes. Malgré cela, on observe une certaine différenciation des politiques nationales en fonction des régions et, surtout, des types de productions. De la même manière, des formes simples de concertation ont été organisées, qui permettent également un certain niveau de coordination au niveau régional. Ainsi par exemple, en matière d'équipement et infrastructure ruraux, si la prise de décision se fait principalement au niveau régional, aussi bien le financement que le contrôle, suivi et évaluation sont une responsabilité du niveau national.

Les services d'appui à l'agriculture et la décentralisation

La décentralisation des principaux services d'appui a l'agriculture a été plus poussée que dans beaucoup d'autres pays de l'Amérique latine. Ainsi la définition des politiques est une responsabilité du niveau local pour la formation et la vulgarisation; du niveau régional pour la recherche, les inputs et l'irrigation; et du niveau national pour le crédit. Néanmoins, pour tous ces services, le niveau national est le seul responsable en matière de financement, ce qui limite d'une certaine manière les marges de manœuvre des autres niveaux au moment de définir les politiques. L'importance des différents acteurs du développement rural dans l'offre des services est aussi plus différentiée que dans d'autres pays de la région, les ONG jouant un rôle prédominante en matière de formation et vulgarisation, alors que le secteur public est surtout présent dans les domaines de la recherche, le crédit et l'irrigation. Le secteur privé enfin, comme dans presque tous les pays de l'Amérique latine, est prédominant dans l'offre d'inputs pour l'agriculture.

Politiques d'accompagnement, contraintes et évaluation sur le processus de décentralisation

Les politiques d'accompagnement mises en œuvre dans le cadre de la décentralisation couvrent les trois domaines clés qui sont la diffusion d'information sur le processus de décentralisation, la formation aux nouvelles compétences, et les appuis à l'organisation des producteurs. La formation a été particulièrement orientée aux services techniques (déconcentration) et à la population (dévolution aux organisations de la société civile), mais elle est presque inexistante pour les collectivités territoriales. Malgré les efforts en matière de formation et d'organisation, la principale contrainte qui pèse sur la décentralisation semble être la faiblesse des organisations de la société civile et du niveau local du gouvernement, sans oublier les problèmes liés à l'absence de modalités de coordination entre les niveaux de gouvernement. Globalement, il semblerait que l'impact du processus de décentralisation ait été positif, notamment sur le ciblage des mesures de lutte contre la pauvreté, l'amélioration des infrastructures sociales et productives, et une plus grande participation des populations locales.

Perspectives d'avenir

Pour élargir et consolider les impacts de la décentralisation, il faudra dans l'avenir augmenter les pouvoirs de décision du niveau local, lui transférer les ressources techniques, humaines et financières correspondantes, et renforcer la participation de toutes les couches de la population dans le cadre d'une véritable politique de décentralisation du développement rural qui ne soit pas seulement une composante de la régionalisation.