REPUBLIQUE DU NIGER
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Etudes de Cas

L'auteur: Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture
Le contact: Jean Bonnal

Republique du Niger


Les appellations employees dans cette publication et la presentation de donnees qui y figurent n'impliquent de lat part des auteurs aucune prise de position quant au statut juridiqude des pays, territoires, villes ou zones, ou de leurs autorites, ni quant au trace de leurs frontieres ou limites.

A. Données générales sur le pays

Superficie1.266.700 km²
Population (millions)8,3
Taux de croissance démographique3,4%
Taux d'urbanisation (1995)21%
Densité (1995)7 h/km²
PIB (1994) MilliardsUS$ 2,37
PIB par habitantUS$ 285
Unité monétaireFranc CFA
Budget de l'Etat26% du PIB
Indicateur développement humain0,206
Rang IDH (sur 174 pays)173

Frontières, topographie et climat

Situé au cœur de l'Afrique occidentale, le Niger est borné au nord par l'Algérie et la Libye, à l'est par le Tchad, au sud par le Nigeria, au sud-ouest par le Bénin et le Burkina Faso, et à l'ouest par le Mali. Le pays peut être divisé en trois grandes zones: le Nord, le Centre et le Sud. La zone nord, couvrant presque deux tiers de la superficie du territoire, se situe dans le Sahara. C'est une région élevée formée de plateaux ou de montagnes et, à l'exception de quelques oasis isolées, la végétation y est pauvre. Le Centre fait partie du Sahel (région du Ténéré). C'est une zone semi-aride et peu boisé. Le Sud est la seule région fertile et boisée qui bénéficie de pluies suffisantes pour les cultures vivrières sans irrigation et, plus au sud-ouest, des inondations périodiques du fleuve Niger. Le climat du Niger est chaud et, dans la plupart des zones, sec. Les pluies, parfois inexistantes ou ne dépassant guère 160 mm annuels dans le Nord en un seul mois, atteignent 600 mm sur les deux ou trois mois de la saison des pluies au nord de Niamey en zone sahélienne (de juillet à septembre). Dans le Sud, la saison humide dure de juin à octobre et les pluies peuvent dépasser les 800 mm par an. La température moyenne annuelle à Niamey est de 29°C.

Caractéristiques et évolutions récentes du système politique

Après une histoire politique très instable, une Conférence nationale, réunie entre les mois de juillet et octobre de 1991, a mis en place un gouvernement de transition qui a permis d'élaborer une nouvelle constitution, laquelle fut approuvée par référendum en décembre 1992. Cette constitution instaurait une démocratie pluraliste, avec un président élu au suffrage direct avec un mandat de cinq ans renouvelable une fois. Un président a ainsi été élu en 1993, mais ce régime politique n'a pu fonctionner que quelques années, un coup d'Etat militaire ayant renversé le président en 1996. Suite à ce coup d'Etat, une nouvelle constitution a été approuvée par référendum par 90 % des votants (avec toutefois seulement 35 %de participants au scrutin); elle consacra l'adoption d'un pouvoir présidentiel fort. D'après cette constitution, le Président est le chef de l'Etat, le chef de gouvernement et le chef des forces armées. Il peut exercer ce mandat pendant deux périodes de 5 ans. Nommé par le président, le Premier ministre surveille les travaux du gouvernement. Le pouvoir législatif consiste en une Assemblée nationale de 83 membres élus eux aussi au suffrage direct pour une période de 5 ans. Les principales forces politiques au Niger sont la Convention démocratique et sociale (CDS- Rahama) qui dirigeait le pays au moment du coup d'Etat de 1996, le Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS-Tarraya), l'Alliance des forces pour le changement (coalition), et le Mouvement nigérien pour la société de développement (MNSD, ancien parti unique). Le Niger est divisé administrativement en 8 Départements dirigés chacun par un Préfet. Chaque département se divise à son tour en districts et communes. Les districts sont placés sous la responsabilité d'un sous-préfet. Certaines communes jouissent du statut de ville ayant à ce titre un maire nommé par décret signé par le chef de l'Etat. Les maires des villes sont placés toutefois sous la tutelle des Préfets.

L'agriculture au Niger

Le pays est largement dépendant des variations climatiques dans la mesure où la grande majorité des Nigériens vit des activités agricoles et pastorales. Le secteur agricole représente environ 34,8 % du PIB et emploie presque 85 % de la population active, essentiellement sous la forme d'une agriculture de subsistance et un élevage relativement dynamique. Les principales cultures d'exportation sont le dolic, le coton, et les arachides alors que les principales cultures vivrières sont le millet (le Niger est 1er producteur mondial par habitant), le sorgho, le manioc, le riz, la sucre de canne, et quelques légumes. L'élevage constitue la grande activité agricole. Les principaux produits de cette activité sont chèvres, ovins, bovins, viande, produits laitiers, peaux. Le pays arrive à assurer son autosuffisance alimentaire sauf durant les années de sécheresse. Le Niger a ratifié la plupart des conventions internationales dans le domaine de l'environnement et prévoit de mettre en œuvre des initiatives dans les secteurs de l'agriculture, de la préservation des forêts et des sols. Environ 8 % du pays est actuellement protégé et le pays possède l'un des plus grands parcs nationaux d'Afrique occidentale. Le braconnage représente toutefois un problème préoccupant, de même que certains projets de barrages, dont la construction peut constituer une menace pour l'habitat.

Situation économique actuelle

En 1995, le Niger, qui était le dernier pays africain à ne pas avoir passé d'accord avec les institutions de Bretton Woods, signe une lettre d'intention avec le FMI qui lui ouvre la voie à l'octroi d'une facilité d'ajustement structurel renforcé, en échange d'un compromis du pouvoir en place d'introduire une restructuration institutionnelle visant à ouvrir des nouveaux espaces de participation populaire et de gouvernement démocratique. C'est dans ce contexte que se situe le processus de décentralisation en cours, dont l'historique remonte en réalité jusqu'aux années 60.

B. Processus de décentralisation en cours

Historique, objectifs et cadre juridique

L'initiative la plus récente pour faire avancer le processus de décentralisation date de 1994, quand une nouvelle loi de décentralisation a été proposée. Cette initiative a échoué en raison du coup d'Etat de 1996. Mais l'histoire de la décentralisation au Niger est en fait assez ancienne car les premiers pas en ce sens ont été donnés il y a plus de 30 ans. En effet, en 1960 le gouvernement de l'époque décide de démarrer un processus de décentralisation, en partant de l'hypothèse que celle-ci était une condition indispensable pour engager une restructuration à long terme de l'économie. Pour mener à bien ce processus, le gouvernement a décidé de confier cette tâche au Ministère de l'intérieur et de faire voter une première Loi sur la décentralisation en 1964, suivie d'une réforme constitutionnelle en 1992.

Fonctions, ressources et autonomie des entités décentralisées

En accord avec les dispositions y contenues, les Départements peuvent exercer des fonctions de consultation, décision et contrôle, tandis que les villes et communes ont le droit d'exercer les fonctions non seulement de consultation et décision mais également d'exécution. Néanmoins, les ressources dont disposent les entités décentralisées sont relativement insuffisantes. En outre, leur degré d'autonomie pour l'utilisation de ces ressources est modéré dans le cas des Départements et faible en ce qui concerne les villes et communes. La tutelle sur les entités locales revient au Ministère de l'intérieur.

C. La décentralisation et le développement rural

Formes de la décentralisation et élaboration des politiques agricoles et de développement rural

La phase la plus récente de la décentralisation concerne le développement rural et le secteur agricole; elle a démarrée en 1992. Ses deux formes prédominantes sont, d'une part, la déconcentration des services centraux de l'Etat, parfois grâce à la délégation de pouvoir à des entités publiques semi-autonomes et, d'autre part, la dévolution de pouvoir à des organisations de la société civile. Les collectivités locales n'ont pas été incluses dans le processus de dévolution. Les villes et les communes restent le niveau de gouvernement avec le moins de présence et d'attributions, vu que le niveau privilégié par la décentralisation du développement rural a été le Département. Il faut aussi remarquer que la déconcentration n'a pas été préparée d'une manière totalement adéquate dans la mesure où elle ne s'est pas accompagnée d'une restructuration conséquente du Ministère de l'agriculture. Le privilège accordé au niveau départemental s'est traduit par l'introduction des nouvelles modalités de planification du développement rural, essentiellement régionales et partant du bas vers le haut. Ainsi le Niger a réussi à introduire une différentiation modérée dans ses politiques nationales, qui lui permet de tenir compte aussi bien des spécificités régionales que des différents types de production. La concertation et la décision conjointe entre les niveaux national et départemental ne sont pas rares au Niger, ce qui permet un certain niveau de coordination des interventions au niveau des différentes régions. Ainsi, si la prise de décision et le financement des équipements et infrastructures ruraux se font principalement au niveau national, leur contrôle, suivi et évaluation se font eux au niveau départemental.

Les services d'appui à l'agriculture et la décentralisation

Quand on analyse la situation des principaux services d'appui a l'agriculture (formation, vulgarisation, recherche, crédit, inputs, irrigation) du triple point de vue de la définition des politiques, du financement et de la fourniture de ces services, on est saisi par l'extrême centralisation qui subsiste malgré la décentralisation, et qui s'explique par l'absence de restructuration du Ministère de l'agriculture,. A l'exception de la fourniture du crédit, où le secteur privé semble jouer un rôle prépondérant, dans tous les cas ce sont le secteur public et le niveau national qui sont aux leviers de commande.

Politiques d'accompagnement, contraintes et évaluation sur le processus de décentralisation

En conséquence, on imagine mal quel est le véritable impact des politiques d'accompagnement qui ont été mises en œuvre en appui à la décentralisation. Le Niger a en effet accompagné son processus de décentralisation d'une politique de formation et d'appui à l'organisation mais la portée de ces politiques a sûrement été entravée par la faiblesse du rôle joué par les entités décentralisées régionales et locales, ainsi que par les populations locales et les organisations des producteurs, en matière de services à l'agriculture. D'ailleurs, les principales contraintes qui pèsent sur le processus de décentralisation sont la faiblesse institutionnelle des niveaux intermédiaire et local ainsi que celle des organisations de la société civile. Il n'est donc pas étonnant que, d'après certains observateurs, l'impact de la décentralisation soit inexistant tant en matière de services d'appui à l'agriculture et de lutte contre la pauvreté qu'en ce qui concerne les infrastructures sociales (santé, habitat, éducation) et productives (chemins, irrigation, entrepôts), ou la protection de l'environnement. Seule la participation de la population paraît avoir été favorisée par la décentralisation en cours au Niger.

Perspectives d'avenir

Dans la mesure où la participation par elle-même ne suffit pas à déclencher un véritable processus de développement rural, il faudra à l'avenir que le Niger se décide à aller au-delà d'une décentralisation purement formelle pour mettre en place le cadre juridique, politique et social qui fasse de cette politique un authentique levier du développement.